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la dernière chanson - mendelson lyrics

salut olivier

comment ça va ? ça fait des années

c’est la dernière chanson olivier
du dernier album
de ce vieux groupe qu’on avait monté ensemble
il y a tellement longtemps
mendelson

incroyable tout ce temps
c’est comme s’il m’était tombé
le bruit de rien qu’il a fait
vingt*cinq ans
olivier, tu te souviens le “célèbre imperméable bleu”
on l’écoutait chez nous quand on habitait tous les deux
“tu vis pour presque rien maintenant”
est*ce que tu es heureux ?

je te revois dans les couloirs de la fac olivier
la vie depuis nous est passée au travers comme dit le poète
cette classe étrange que tu avais mon cochon
tu vis maintenant du côté de besançon
je n’y suis jamais allé en concert

1993, la bohème c’était nous, pas besoin d’aznavour
je revenais à genoux de lyon
et chez nous
pas d’électricité, pas de chauff*ge, pas de lumière
tu partais le week*end chercher cinquante francs chez ton père
la semaine on essayait d’écrire des chansons

olivier, tu étais tellement doué et tu t’en foutais
tu avais tout le talent, je n’avais que les rêves, l’ambition
je me sentais novoselic devant kurt cobain
tu m’impressionnais beaucoup tu sais
dommage, il a bien fallu que ce soit moi quand même qui me mette à écrire les chansons

et si je n’ai pas écrit trop de conneries toutes ces années
c’est un peu grâce à toi, tu sais : fidélité
je m’en serais voulu de faire honte au copain
tu m’as appris à jouer de la guitare
on a appris ensemble à être humain
on habitait cette cour rue jean*pierre timbaud
je ne sais pas trop si t’aimerais que je raconte de trop
il y a pas trop à raconter de toute façon
le chat sortait dans la cour
on vivait dans l’obscurité
ma première copine m’avait bien salé la tronche
tu avais bien un peu pitié mais pas trop
cette histoire ça t’emmerdait plutôt
je chantais les chansons de leonard cohen comme si c’était les miennes
oui je faisais bien un peu pitié olivier c’est vrai
qui sait à quoi tu pensais…

tu vivais toujours comme si ta vie en dépendait
j’aime bien cette phrase étrange un peu con mais je crois que c’est parce qu’elle est vraie

l’été, on zonait au père lachaise
c’était nos vacances à nous, plein air
tu allais voir proust et moi apollinaire
on fumait des heures sur les tombes
on a toujours été plutôt à l’aise avec les morts tous les deux de toutes façon
les morts ont la bonne dose de conversation

eh à propos de mort olivier tu sais ?
j’ai vu un grand panneau dans la rue l’autre jour
avec écrit entre guillemets
“je ne veux pas mourir”
t’imagines la surprise, vingt*cinq ans après, l’effet que ça m’a fait ?
non je ne crois pas bien sûr que c’était en rapport à la chanson
un jour tu as décidé d’arrêter la musique
quel mystère quel drôle de suicide
un musicien comme toi aurait pu devenir charlie haden
brian jones sans la piscine
mccartney sans les wings

je nous voyais grandir comme les beatles
lennon / mccartney, bouaziz / féjoz
et regarde je finirai chanteur français

c’est la dernière chanson olivier du dernier album
du groupe qu’on avait rêvé ensemble
il y a vingt*cinq ans
incroyable qu’on soit toujours vivant bonhomme
même si je meurs un peu ce soir avec la mort de mendelson

alors salut olivier
et salut à tous, public invisible
vingt*cinq personnes dans un café
pas la peine que je m’étende
entre vous et moi vous savez ?

salut meïr, où es*tu aujourd’hui ?
salut bruno, quentin, charlie, “comment bien ?”
salut emmanuel, très cher, très vieil ami

salut vincent
merci pour lithium, vincent, merci pour moi et merci de la part des vingt*cinq personnes

salut stéphane, ici d’ailleurs, merci pour le sauvetage
merci pour bruit noir, merci pour l’accueil

salut fabrice conessa, nicolas becker
salut les frères laureau, vieux compagnons de route prohibited…

salut julien bassouls, mon broadway danny rose
salut cécile, life live, pascal tippex, florent de soyouz
pas évident de trouver des concerts pour
mendelson
groupe obscur, inconnu, mythique, culte
mon dieu
salut noël
salut dominique marie
je me souviens de tout, dominique
merci

salut jp
salut guillaume au chili, salut vieux beepee

salut stéphane blaess, sois béni blaess pour mendelson le 5ème
salut christophe

salut gribouille, sylvain, mon pote, champion
je préfèrerais rater mille fois avec vous que réussir avec des cons

salut stan

salut michel…

salut à toi, nicolas, mon frère
si mendelson était un seul homme, il saurait combien il te doit
va, il le sait, je crois

salut nicolas, jean*baptiste, les nouveaux
le guépard
le fantôme

salut pierre*yves, sylvain, jean*michel
les derniers…
la famille…
les fidèles
les vieux tontons de mon fils gabriel
allez je vais encore me faire chialer
salut olivier
tu te souviens ?
comme on se marrait ?
comme on se marrait

dans quelques secondes ce sera terminé
et j’aimerais tout faire disparaître soudain
ces albums, ces musiques, ces textes, ces années
partir sans laisser de traces
effacer la mémoire
oublier la mission
cette histoire s’autodétruira dans 45 secondes

ce serait beau à la fin
ce serait comme si j’avais tout rêvé
mais bon, c’est ce qui arrivera de toute façon
à la fin des fins, olivier, tu sais ?
je ne crois plus tellement à la postérité
j’espère qu’on en aura suffisamment profité
le temps, vingt*cinq ans, que ça aura duré

allez salut olivier
je suis bienheureux quand même
j’espère que toi tu es heureux
là*bas dans ta campagne
finalement tu sais ce n’est pas si désagréable
de mourir un peu

- mendelson lyrics

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