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le caniche de jeff koons - lucio bukowski lyrics

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[couplet 1]
le type que je ne connais pas me parle depuis bien vingt minutes
aucune idée de ce qu’il baragouine, peut-être en langue inuit en l’an dix-huit
j’ai envie de p-sser, songe à de blanches cuvettes
mate autour, je suis le pet-t prince dans une étrange buvette
dépression d’islande, l’orage dégueule son valium
veux être ailleurs, pile à l’heure, avec lunettes et épagneul
pendant qu’il braille, le type que je ne connais pas fait de grands gestes
postillonne, fait de grands gestes, postillonne, fait de grands gestes
“le caniche de jeff koons, c’est le diable !” qu’il hurle
la nuit s’répand à l’extérieur, abat tout c’qui est diurne
le visage délicatement tab-ssé des vaincus par la vie
l’œil un instant évasif chaque coup qu’il regarde par la vitre

[couplet 2]
ce manège ne m’enchante pas, pour le sommeil il est trop tôt
comme un chrétien face à judas, je n’comprends pas un traître mot
verre pilé dans la vessie, je n’pense plus qu’à la vider
por la vida, même un chiotte d’un autre âge tout graffité
ça doit être cette bière ambrée au nom flamant qui me poignarde
le bas-ventre pendant que l’autre tient le laïus parce qu’on bavarde
mon cerveau filme au ralenti l’absurdité ambiante
pour me défaire du type, je simule surdité, mauvaise entente
renverse le tabouret, premier surpris que mes jambes obéissent
traverse la taverne, crânes et foies, songeant à l’eau bénite
d’un vulgaire robinet, pousse la porte et réabsorbe l’hiver
au premier platane, dégrafe mon fut’ et régénère dix bières

[couplet 3]
la rue n’est plus qu’un couloir plein
couvert d’une tap-sserie de cr-sse avec des cris qui viennent de loin
le reste, c’est du vent, qu’il soit chaud, qu’il soit froid
il vous érode les tympans, laisse chacun d’vos muscles en croix
une nouvelle voix me bouscule, je me ferme à l’ouverture
un discours sur les grands vices par une fille de pet-te vertu
elle est belle, elle a des cheveux longs, de grands yeux couleur fleuve
émotion en demie-teinte là où divin et douleur flirtent
c’est clair-obscur comme un bergman
la pute parle de la mort des hommes qui viennent se perdre là
le désespoir, c’est son visage dénué de choix
va savoir pourquoi on les appelle des “filles de joie”

[couplet 4]
les façades baragouinent dans leur barbe de fer
la musique des villes éteintes vaut bien leur variété de merde
la femme me crie en s’éloignant depuis son dépotoir
“mais qu’il aille se faire mettre ! qu’est-ce qu’il y connaît aux trottoirs ?”
“c’est pas faux” que j’me dis en traversant le pont corbières
frôlant d’étranges spectres sortis d’huiles d’eugène carrière
soyons francs, j’ai tout autant de transparence
ne crois pas en leur progrès, évolue dans une transe baroque
m’émerveille devant le majestueux ballet d’un sac plastique
voltigeant rempli de vent, prenant les formes les plus magiques
m’imagine partageant mon vin avec la lune
sur les bords du fleuve jaune en des siècles plus salubres

[outro]
je voyage sans billet
quelques pages estampillées
dans la poche de mon gilet
la douce amorce de mon stylet
le monde m’apparaît tel qu’il est

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