le banquet - les chevals hongrois lyrics
la côte se découpe en golfes où l’écho
sonne, comme une trompe, aux murs de jéricho
un jéricho de brume et flexible comme elle
la mer y gonfle en vain ses chants et ses querelles
dans un de ces abris est servi le banquet
pour douze garçons nus qui n’ont d’autre projet
que de boire les vins au goulot des bouteillеs
mordre les quartiers dе viande et vider les corbeilles
faire sécher leur corps au soleil de midi
chanter et puis dormir sur le sable tiédi
le sable, que le vent soulève et qu’il égraine
fait murmurer parfois les plats de porcelaine
et le cristal où tremble une goutte de vin
qui reflète le ciel et les doigts de la main
mais le sang apparaît aux bords d’une blessure
lorsque le maladroit, d’une lame peu sûre
se coupe en entamant le jambon
un rideau rouge flotte soudain, claquant comme un drapeau
il vacille et ses plis balaient le paysage
la mer, qui le répète agite son image
et celle d’un bateau, toutes voiles dehors
qui figure une rose en un coin du décor
il aimerait, dit*il, que des lèvres plus tendres
cicatrisent la plaie et, quitte pour répandre
plus longuement son sang, à rendre ce baiser
au monstre imaginaire en son cœur précisé
n’entend*il pas des cris du haut de la falaise ?
son sang n’explique pas l’insolite malaise
qui transforme la terre et lui fait souhaiter
le silence de la nuit et la mort de l’été
il se lève et, fuyant ses onze camarades
disparaît au tournant des rochers de la rade
onze verres, levés au ciel par onze mains
d’une courbe identique ont renversé le vin
dans les gorges, mais, vers la route
indiquée, un regard s’alanguit et, sans doute
un convive bientôt quittera le banquet
il est une prairie où cueillir des bouquets
il est une forêt, derrière le rivage
et des sources d’eau fraîche où baignent les visages
et le monde habité, ses villes, ses appels
qu’ils boivent!
le temps passe et dépose son sel
sur les jours, sur les cœurs, les lèvres et les rêves
pourtant la vie est là, pourtant la vie est brève
qu’ils boivent!
l’horizon se dénoue à l’entour
l’heure vient, pour chacun, de partir à son tour
c’est midi, tout sanglant, gisant dans sa tunique
sur le bûcher qu’il alluma
heure panique
il faut choisir, il faut, vers le soir progresser
ou vieillir en tentant d’évoquer le passé
il faut choisir, il faut, vers le soir progresser
ou vieillir en tentant d’évoquer le passé
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