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géométrie (version longue) - jakbrol lyrics

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l’horloge sonne midi
au dîner, côte à l’os
un café trop sucré
giclé d’un vieux thermos
sur le papier peint
il y a des fleurs des champs
il y a jean pierre pernaut
qui nous parle de la france
la kermesse du village s’organise
tous les premiers week*ends de septembre
depuis bientôt trente ans, il me semble
le maire on l’aime
parce qu’il fait bien le boulot
élu tous les six ans
depuis bientôt trente ans
ici, rien ne change
il n’y a que la nature qui pousse
en silence, tranquillement
la vie qui va trop vite
un instant, s’est figée
sur un coin de passé
qui va se la couler douce
sur six milles habitants
il n’y a qu’un couple de noirs
qui habite la rue haute
et il y a des albanais
qui ont racheté
la vieille ferme en travaux
et puis, il y a tous les autres:
un facteur, un libraire
un boulanger, un maréchal ferrant
une épicerie, deux bistrots
qui se font de la concurrence
une église en grosse pierre
avec dans ses gouttières
des ampoules de noël
que personne n’a retirées
qui sert pour trois baptêmes
deux mariages par année
avec un seul curé
pour cinq ou six villages
il y a des paysages
qui n’en n’ont jamais assez
splendides. figés
des touristes
qui se ramènent en juillet
pour visiter les ruines
les environs croulants
les débris du passé ?
la fierté du présent
l’imprudence se meurt
dans les codes et les mœurs
que l’on apprend par cœur
ce décor est d’ailleurs
d’un terroir affligeant
cependant, la rumeur vient troubler tous ces gens:

à cinquante par bateau
ils nous viennent d’ailleurs
on l’a vu au 13h
c’est même jean pierre pernaut
qui l’a dit tout à l’heure:
faudra faire de la place
ils ont ouvert les valves
et les riverains grimacent
une jungle aménagée
les réfugiés s’entassent
qu’ils soient libres et soignés
dans la haine et la crasse

ça fait déjà “des jours”
qu’ils ont quitté la terre
le vent les gifle
la mer les griffe
ils se risquent outre*mer
un soleil confisqué
leur parle du passé:
une ville éventrée
sous deux cents décibels
des instruments d’horreur
le cuivre à la tempe
la corde au cou
trémolo dans la gueule
la musique, elle saccade
des barricades, des barbelés
et des grenades dégoupillées
du verre pilé
pile dans l’arcade
et des sarcasmes à l’arrivée
des promesses d’occident
des rames, de la mer et du vent
le drame qui fane le triste espoir
le jeu d’étoiles, les yeux du phare
qui brossent la mer
sans but, sans cible
insensible aux galères
dont les voiles
sont autour de la tête
ils sont prêts, elles sont prêtes
un peu trop peut*être
à s’en aller dans l’eau
plus loin mais plus bas
plus loin mais plus bas
vers plus rien, vers là*bas
ils verront l’atlantide avant lampedusa
et la mer passe l’éponge
c’est l’histoire de la honte
ils ont vécu d’amour et d’eau fraîche
mais d’eau fraîche dans les bronches
nous n’en sommes à l’écoute
que quand ils crèvent en route
car les dents de la mer
se font dans la manière de s’en foutre
et d’un semblant d’amour
d’horreur pardonnée, autopardonnée
l’histoire semble flanquée
d’un soleil sans effort
parce que les gens du nord
n’ont dans le cœur
qu’un décor qu’ils n’ont pas su voler
comme les flots de la mer
mordent les mailles du polyester
les vagues dans la gueule
ils sont seuls et s’entassent
prisonniers dans la nasse
ils se tordent un peu
puis ne se tordent plus
parce qu’il n’y a plus la place
le rafiot sous la rafle tangue
un peu, c’est dangereux !
et leurs yeux ébahis
embellissent le ciel
d’une larme de pluie
chavirée par la brise
qui remplit les valises
qu’ils ont laissé chez eux
regards au hasard
tranchés d’horizon
comme on tranche les darnes
ils ont baissé les armes
les yeux bouffés d’alarme
ils regardent le soleil
comme un grand incendie
qui danserait dans leurs larmes
dans leur bled, il y a des mecs
qui ont parlé d’humanité
de l’europe
là où c’est moins la merde
c’est pour ça qu’ils sont cent
s’entassant par bateau
sur une longue autoroute
inondée par les eaux
la méditerranée
parlons*en,c’est une pute
qui va te faire raquer trois milles balles
pour lui toucher la côte
et pour mille de plus
tu changes de position
et la marée se vautre
dans des allez*retour sans passion
un voyage en ses reins
ça peut durer des jours
tu peux crier au secours
dans son lit, personne vient
dans ses draps froissés
et salis par l’écume
elle videra ses rouleaux
sur la gueule des marins
pauvres et sans fortune
sous la lune en détresse
alors, range tes kleenex
elle avale à la fin
c’est qu’une question de pognon
si tu penses aux étrennes
tu lui lécheras la grèce
et sa botte italienne
la prison semble bleue
la cantine trop salée
ils sont sales, nerveux
leurs cheveux par paquets
ça fait déjà des semaines
qu’ils ont quitté la terre
en laissant aux sirènes
leurs semaines ordinaires:
lundi est un 22 mars
mardi, un 13 novembre
mercredi 10 octobre
jeudi 11 septembre
vendredi sous les mines
c’est samedi sous les roses
et puis le septième jour
le seigneur se repose
et puis, ça pète un câble
dans tous les sens
un cœur éclate
une flaque de sang
de la cendres à terre
de tristes restes
et du silence
pour ceux qui restent
lancinant dans les corps
la douleur est épaisse
et dépasse le réel
parce que vue de l’espèce
la terre, elle n’est pas belle
ça fait déjà des jours
que leurs jours semblent longs
que le monde n’est plus rond
car leur monde
n’est que vagues sur les eaux
qu’il fait chaud
pour un nouveau tour d’immonde
en quatre*vingts matelots
ils n’ont de la vie
que le rêve et l’envie
dans nos paradis, ivre
on est vachement sensible
nos poumons pleins d’air
et nos airs pleins d’excuses
satisfaits et très fiers
que la croisière s’amuse
sur les champs*élysées
il n’est pas rare de voir
des vieilles putes pleines
d’hermès arpenter les trottoirs
le saphirs aux poignets
le gilet sous les strasses
aux oreilles, un rubis
aux phalanges, du topaze
alors, comprenez
à quel point on comprend
le sort de ces femmes
vérité qui dérange
car celui qui d’errance
se voit pauvre de vie
le sera toujours moins
que sa mère et sa fille
une région du sud
300 lycéennes
de boko en haram
de haram en harem
un matelas tout pourri
de l’horreur par secousses
on ira tous au paradis ?
*non. pas tous
grillagées comme des bêtes
sapées comme des meubles
immobiles dans leurs draps
elles fondent dans le peuple
du parfum, la peau douce
créatures de l’enfer
une vie couverte de honte
une mort couverte de pierres
sur les champs*élysées
il y a toujours une radasse
même si les droits des femmes
ça ne s’exportent pas des masses
son collier d’améthyste
lui travaille le thorax
(les lapidées, chez nous, ont vraiment trop la classe)
et les étrangers quand même
appelons*les par «leur nom»
se sont perdus un soir
sur les ondes profondes
dans un silence rare
un carnage sans musique
ils fondent dans le bleu
comme une sombre acrylique
ils se battent, se débattent
ça fait des ronds dans l’eau
et de la mousse et des formes
ondulées par les vagues

et la lune, impassible
éclaira sous la nuit
le désespoir d’un peuple
dans sa géométrie

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